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Crise énergétique : le Royaume-Uni rouvre la porte au gaz de schiste

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En proie à une explosion des prix de l’énergie et désormais dirigé par une libérale décomplexée, le Royaume-Uni a décidé de relancer à marche forcée son exploitation de nouveaux gisements d’hydrocarbures, en particulier de gaz, mise ne sommeil par l’urgence climatique. Le gouvernement vient même de lever le moratoire sur la fracturation hydraulique, ouvrant la porte à l’exploitation du gaz de schiste au Royaume-Uni.

La nouvelle Première ministre britannique, la conservatrice libérale Liz Truss, a joué franc jeu sur le volet énergétique : l’indépendance du Royaume-Uni prime sur toute autre considération.

Boris Johnson, un conservateur défendant le bas-carbone

Son prédécesseur Boris Johnson admettait certes qu’une relance des exploitations de gaz et de pétrole pouvait se justifier dans le contexte actuel, avec des prix de l’énergie qui ont grimpé en flèche, plombant les finances des ménages et des entreprises, et menaçant le pays d’un automne social dévastateur.

Mais ses discours restaient orientés vers la nécessité de décarboner l’économie britannique, et toute annonce sur le gaz ou le pétrole s’accompagnait toujours de promesses d’investissements supérieurs dans les énergies bas-carbones - renouvelables, nucléaire, hydrogène vert.

Liz Truss, les fossiles comme boussole

Liz Truss, au contraire, a présenté un programme énergétique faisant la part belle à la valorisation des ressources fossiles dormant dans le sous-sol britannique, et tout particulièrement le gaz et le pétrole offshore, et le gaz de schiste.

Soit une opposition frontale à l’accord de Paris et aux recommandations du GIEC comme de l’ONU ou de l’AIE de stopper tout investissement dans de nouveaux gisements fossiles, pour limiter au maximum le changement climatique, et tenter de garder notre planète habitable.

Vers de nouvelles licences de projets pétroliers et gaziers offshore en mer du Nord

Le gouvernement a annoncé son intention d’accorder un maximum d’exploitation de nouvelles licences d’exploitation de gaz et de pétrole en mer du Nord ; plusieurs ONG environnementales estiment leur nombre à 130.

Outre les gisements de Cambo et Jackdaw, déjà validés et dont les forages devraient prochainement commencer, c’est notamment le cas de gisements de grande taille comme Roseblank, un méga-champ gazier et pétrolier situé à l'ouest des Shetland, dont la possible exploitation a été confié au norvégien Equinor.

Les écologistes écossais s’étranglent

La décision a provoqué une levée de bouclier des défenseurs de l’environnement, et de plusieurs responsables politiques, comme Michael Matheson, le secrétaire du SNP (le parti indépendantiste écossais, majoritaire dans l’assemblée de la Province), chargé du programme Net Zero (qui doit mettre en œuvre l’objectif de neutralité carbone du pays pour 2050).

"Au lieu d'autoriser plus d'extraction de combustibles fossiles, le gouvernement britannique devrait encourager les investissements dans les énergies renouvelables et soutenir une transition juste pour notre secteur énergétique, les ménages et les entreprises écossaises", a-t-il déclaré.

« Le déni du climat à son paroxysme »

« Le gouvernement britannique prétend une fois de plus qu'il peut se sortir de la crise énergétique par le forage, alors que le monde est confronté à des souffrances inimaginables en raison de la dégradation du climat », abonde le porte-parole des Verts écossais pour l'environnement, Mark Ruskell.

« De l'installation d'un fanatique des combustibles fossiles comme secrétaire à l'énergie [Jacob Rees-Mogg, qui a également tenu des propos climato-sceptiques, NDLR] à l'absence de référence au climat dans son premier discours sur la politique énergétique, c'est le déni du climat à son paroxysme », conclue-t-il.

Le gouvernement affirme que forer des nouveaux puits de gaz est bon pour le climat

Des critiques balayés d’un revers de la main par le porte-parole conservateur du programme Net Zero Liam Kerr, qui estime que la relance des hydrocarbures en mer du Nord sera, in fine, favorable au climat.

"Sans de nouveaux investissements dans des gisements comme Cambo et Jackdaw, et sans le soutien politique du gouvernement écossais, la production va tomber d'une falaise, mettant en péril la transition juste et les 90 000 emplois écossais qui la permettront - et nous rendant dépendants d'importations plus néfastes pour l'environnement en provenance de régimes comme celui de Poutine", a-t-il défendu.

Fin du moratoire sur la fracturation hydraulique et le gaz de schiste

Mais la mesure la plus emblématique de ce soutien sans faille aux énergies fossiles, et en particulier au gaz, est la fin du moratoire sur la fracturation hydraulique, annoncé par le gouvernement ce 22 septembre 2022. L’usage de cette technique d’extraction, particulièrement polluante et présentant des risques sismiques, qui permet de valoriser les gisements de gaz de schiste, avait été suspendue en 2019 par le gouvernement de Boris Johnson.

« Pour renforcer la sécurité énergétique du Royaume-Uni, le gouvernement britannique a levé aujourd’hui (jeudi) le moratoire sur la production de gaz de schiste en Angleterre », détaille un communiqué.

Une manne énergétique considérable

« Nous avons une compréhension actuelle limitée de la géologie britannique et des ressources de schiste terrestre », indique le gouvernement dans ce même texte, en jugeant que la levée du moratoire « permettra de recueillir des données supplémentaires, de mieux comprendre les ressources en gaz de schiste et de savoir comment nous pouvons l’extraire en toute sécurité ».

En début de mois, Liz Truss avait déjà estimé que la fracturation serait autorisée là où elle était soutenue par les communautés. « Nous devons revoir les limites sismiques pour nous assurer que l’extraction du gaz de schiste peut se faire de manière efficace et efficiente », a reconnu Jacob Rees-Mogg au Parlement.

La manne énergétique a de quoi faire envie : les réserves estimées de gaz de schiste dans le sous-sol britannique sont de 36 816 milliards de m³, soit environ 500 ans de consommation britannique. Reste que mettre en place une telle industrie ne se fait pas en un claquement de doigt, aura des impacts environnemntaux massifs, et engagera le pays sur le long terme

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