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Le robinet du gaz coupé en Ukraine

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Le géant gazier russe Gazprom, a confirmé ce mercredi l’arrêt de ses livraisons de gaz à l’Ukraine alors que Kiev avait annoncé la veille, la suspension de tous ses achats de gaz à la Russie suite à l’échec des négociations sur les prix.

La tension est montée d’un cran supplémentaire entre la Russie et l’Ukraine, ce mercredi. Alors que la capitale ukrainienne avait annoncé la veille la rupture de ses relations commerciales avec la Russie concernant l’achat de gaz suite à un désaccord sur les prix de vente, c’est la Russie, par l’intermédiaire de son géant pétri-gazier, Gazprom, qui a annoncé l’arrêt, dès aujourd’hui de toute livraison de gaz. « Quel que soit le prix, sans prépaiement » a même précisé le PDG dal société, Alexeï Miller.

L’approvisionnement européen assuré

Cet arrêt des livraisons ne menace pas pour autant l’approvisionnement en gaz russe au sein de l’Union Européenne dont près de la moitié transite actuellement, justement, par le territoire ukrainien. La compagnie publique ukrainienne a publiquement promis qu’elle continuerait d’assurer la totalité du transit du gaz russe vers les clients européens malgré le passif des précédentes "guerres du gaz" en 2006 et 2009.

L’accord sur les livraisons de gaz russe à l’Ukraine a expiré mardi dernier sans qu’aucun accord sur les prix ne puisse être trouvé avec Gazprom lors des négociations à Vienne, négociations auxquelles participait également l’Union Européenne. Il faut dire que les deux sociétés prenantes, Gazprom et Naftogaz, sont engagées dans un bras de fer depuis l’arrivée d’un gouvernement pro-occidental à Kiev début 2014 et l’apogée des tensions avec Moscou dans l’Est du pays, contrôlé par des séparatistes pro-russes.

En réaction, Moscou avait unilatéralement augmenté le prix du gaz livré à son voisin, qui a refusé de payer. L’Ukraine, comptait depuis lors, de plus en plus sur des livraisons de gaz provenant d’Europe centrale et de Norvège. Parallèlement, Gazprom conteste en plus, ces livraisons soient légales parce qu’elles peuvent porter sur du gaz venant initialement de Russie, qui est ensuite revendu à l’Ukraine par d’autres pays européens, jouant alors le rôle d’intermédiaires de vente.

L’Union Européenne, force médiatrice

Naftogaz explique dans un communiqué sa décision par le fait que son accord avec le géant gazier russe Gazprom expire le 30 juin et que « les conditions de futures livraisons de gaz russe n’ont pas fait l’objet d’un accord lors de discussions trilatérales aujourd’hui à Vienne ».

Le but de la réunion était de finaliser un accord pour assurer l’approvisionnement en gaz russe de l’Ukraine et de l’Europe pour l’hiver prochain. La Commission Européenne avait précisé que la réunion devait avoir lieu entre son vice-président chargé de l’Énergie, Maros Sefcovic, et les ministres russe et ukrainien compétents, Alexandre Novak et Volodymyr Demtchichine, en présence des dirigeants de Naftogaz et de Gazprom.

L’Union européenne souhaitait un accord « qui couvre au moins la période de l’hiver, jusqu’à fin mars ». Un tel « paquet hiver » avait déjà été conclu en octobre 2014 via une médiation européenne, après que Moscou eut provisoirement coupé le gaz à Kiev. L’accord 2014-2015 avait été provisoirement prorogé en mars, pour expirer le 30 juin 2015.

Des positions trop éloignées

Mais lors des négociations à Vienne, la Russie a proposé de maintenir son tarif pour l'Ukraine à 247,18 dollars pour 1.000 m3 de gaz jusqu'à fin septembre, soit un rabais estimé à 40 dollars par rapport au prix que Moscou pouvait appliquer en fonction d'accords antérieurs. C’était bien trop éloigné des exigences ukrainiennes, ne voulant entendre parler que d’un rabais de 86 dollars.

Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak a déploré une décision "malheureuse" des autorités ukrainiennes, s’estimant « surpris par les annonces de nos collègues ukrainiens, qui s'attendaient à un gros rabais", a déclaré M. Novak. Selon lui, l'Ukraine ne dispose que de 12,5 milliards de m3 de réserves de gaz pour la saison automne-hiver, tandis que ses besoins en exigent 19 milliards. "S'ils en reçoivent moins, alors j'estime qu'il y a certains risques" pour l'approvisionnement en gaz russe vers l'Europe, a-t-il expliqué.  D’autant qu’il estime probable les risques « de prélèvement de gaz depuis les tuyaux de transit qui fournissent les clients européens. »

Pour les experts ukrainiens,  « l’Ukraine va augmenter ses achats de gaz en Europe et devrait être relativement tranquille pour un moment. Mais lorsque viendra l'hiver, se passer du gaz russe sera très problématique ».

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