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Les Pays-Bas confirment la fermeture du méga-champ gazier de Groningue en octobre 2023

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Historiquement producteur numéro 1 de gaz fossile en Union européenne, les Pays-Bas s’apprêtent à clore ce chapitre : la fin de l’exploitation du gisement de Groningue, prolongé d’un an avec une production a minima suite à la crise gazière, est fixée pour octobre 2023. Le contexte géostratégique pourrait pousser pour une nouvelle prolongation d’un an, mais toujours sous les 3 milliards de m³ annuels. Les risques sismiques sont jugés trop élevés pour poursuivre cette activité.  

« C’est très, très simple : tous ceux qui ont une connaissance du risque sismique me disent qu’il est vraiment très dangereux de continuer à produire là-bas. Je suis presque sûr qu’il serait sage de tout fermer ». Hans Vijlbrief, le secrétaire d’État néerlandais aux Mines, a ainsi indiqué au Financial Times, ce 22 janvier 2023, que les Pays-Bas ne reviendrait pas sur leur décision de fermer le champ gazier de Groningue.

Le secrétaire d’État néerlandais aux Mines confirme la fermeture du champ gazier de Groningue

Avec environ 2 700 milliards de m³ de gaz récupérable, le gisement de Groningue est pourtant le plus grand d’Europe, et l’un des plus importants au monde. Exploité depuis 1947, il atteint son pic de production en 1977, avec 98 milliards de m³ annuels.

Il a ensuite produit entre 70 et 90 milliards de m³ par an jusqu’au début des années 2010, avant de connaître une baisse, pour répondre aux nombreux tremblements de terre imputés à l’exploitation de ce gaz fossile. L'extraction gazière créée en effet des poches de vide souterraines, qui finissent par provoquer des séismes.

Le plus grand gisement de gaz d’Europe provoque de dangereux séismes dans la région

D’abord de faible intensité (en dessous de 3 sur l’échelle de Richter) et peu nombreux dans les années 1980, la donne change au début des années 2010, avec 29 séismes dénombrés en 2011 et, surtout, un séisme de magnitude 3,6 en 2012, qui a endommagé des milliers de maisons.

Pour autant, en 2017, la production du champ (43,9 milliards de m³) dépassait encore la consommation néerlandaise (41 milliards de m³). Mais un nouveau séisme, en janvier 2018, d’une magnitude de 3,4, abîme de nouveau de nombreuses maisons, les dépréciant fortement, et provoquant des vagues de plaintes et d’indignations.

Le premier ministre Mark Rutte annonce alors, fin mars 2018, la fin de l’exploitation du champ de Groningue pour 2030. Mais la colère des riverains le pousse, en septembre 2019, à avancer l’échéance à octobre 2022. La production tombe alors à 12 milliards de m³ par an, un niveau jugé sûr.

Malgré la crise gazière et les pressions, les Pays-Bas refusent de relancer la production

Depuis le début de la guerre en Ukraine et, surtout, au plus fort de la crise gazière, à l’été 2022, de nombreuses pressions ont été exercées sur les Pays-Bas pour qu’ils relancent la production de gaz fossile à Groningue.

Face aux tensions sur l’approvisionnement en gaz et à l’explosion des prix dans l'Union européenne, le gouvernement néerlandais a finalement accepté de prolonger l’activité d’une année, jusqu’en octobre 2023, en produisant au minimum nécessaire pour faire fonctionner les pompes, soit 2,8 milliards de m³ par an.

Vers une fin d’exploitation au 1er octobre 2023

Dans l'entretien accordé au Financial Times, Hans Vijlbrief a donc confirmé le 1er octobre 2023 comme clap de fin du champ gazier de Groningue. Il a concédé une possible nouvelle prolongation d’un an, jusqu’en octobre 2024, en cas de très forte tension sur les approvisionnements cet été.

Ce qui reste possible, même si ce n’est pas la tendance actuelle, la paralysie de l’économie chinoise envoyant en Europe de nombreux cargos de GNL destiné à la Chine, faisant chuter les cours du TTF néerlandais à 56,35 euros le MWh le 15 janvier 2023, son niveau le plus bas depuis septembre 2021.

Déjà 1 milliard d’euros d’indemnisations versés, 8 milliards provisionnés

Ignorés pendant des années par le gouvernement, les dégâts provoqués par les séismes dans la région de Groningue ont conduit à de nombreuses indemnisations, sous la pression du puissant collectif Groninger Bodem. Le montant minimum de ces indemnisations a d’ailleurs été relevé, mi-janvier 2023, à 10 000 euros.

En tout, le gouvernement a déjà dû verser plus d’un milliard d’euros, et a provisionné 8 milliards d’euros d’ici 2028 pour couvrir les futures demandes de dommages et intérêt.

En septembre 2022, Jan Wigboldus, président du Conseil du Gaz de Groningue (Groninger Gasberaad), un groupement représentant des organisations de la société civile de la région, indiquait que 1 200 séismes s’étaient déjà produits et que « 27 000 maisons qui ne sont pas sûres pour leurs occupants sont en cours d'expertise ».

« Nous parlons de vies humaines et il n'y a pas à transiger »

« Extraire le gaz aujourd'hui ou dans un avenir proche, ce n'est pas sûr pour les gens d'ici : nous parlons de vies humaines et il n'y a pas à transiger », synthétisait Coert Fossen, porte-parole de Groninger Bodem.

Malgré des sondages indiquant qu’une majorité de riverains étaient prêts à accepter un prolongement de l’exploitation du gaz et malgré des pressions diplomatiques de voisins en manque de gaz (Allemagne en tête), c’est cette ligne de conduite qui devrait donc prévaloir.

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