Alors qu’il pourrait répondre à lui seul à 20% de la demande énergétique mondiale, l’hydrogène vert a encore cruellement besoin de soutiens publics pour être réellement intégré à nos sociétés.
Comment atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 sans avoir recours de façon plus marquée à l’hydrogène renouvelable ? C’est en substance la question que pose Jean-Bernard Levy le patron d’EDF dans une tribune qu’il a signée de sa main dans les colonnes d’un hebdomadaire français. La question mérite en effet d’être posée tant les bénéfices de l’hydrogène vert sur la société sont réels. Que cela soit dans l’industrie ou le transport, ce gaz pas comme les autres n’affiche que des atouts dans la lutte contre le dérèglement et le réchauffement climatique. Une énergie décarbonée qui, utilisée dan les transports entre autres, rejette 0% de CO2 et de particules fines dans l’atmosphère.
Dans sa dernière étude sur la question présentée lors du dernier G20 organisé au Japon, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirme que l’hydrogène renouvelable pourrait satisfaire au moins 20% de la demande énergétique mondiale en 2050. Un chiffre confirmé par ailleurs par le cabinet d’études sectorielles McKinsey.
Si l’industrie absorbe déjà 23% de la production d’hydrogène, il est pour l’heure à 95% d’origine fossile. Sobrement appelé hydrogène « gris », cet hydrogène là ne résout pas du tout l’équation de la lutte contre le réchauffement climatique car sa production génère des quantités massives de CO2, car essentiellement basée sur la transformation du charbon ou du pétrole. Pour un bilan environnemental catastrophique.
La production d’hydrogène vert quant à elle ne pèse donc pas bien lourd, à peine les 5% restants. Pourquoi ? Pour la sempiternelle question du coût qui refreine les ardeurs de biens d’acteurs de la filière. Et qui pénalise de facto le consommateur final qui préfère de loin brûler du pétrole en quantités massives, bien plus rentables.
Un phénomène qui est d’autant plus prégnant dans le secteur du transport non pas de particuliers mais du transport lourd : transport maritime international et transport routier de marchandise en première ligne. Les pouvoirs publics français et européens ne peuvent plus se voiler la face et doivent nécessairement lancer de réels mécanismes de soutiens financiers pour accompagner ce changement fondamental et nécessaire.
Le plan Hydrogène français doté de 100 millions d’euros est un début, mais un tout petit début. Il faudra bien plus de fonds pour tendre vers la neutralité carbone et imposer l’hydrogène renouvelable comme une énergie bénéfique en tout point, une énergie made in France qui plus est. Mais bonne nouvelle puisque le pays peut compter sur l’un des poids lourds mondiaux avec le Français Air Liquide, grand spécialiste de l’hydrogène. L’entreprise vient en effet de lancer un site de production d’hydrogène vert à échelle industrielle cette fois. Affaire à suivre.