Publicité sur des panneaux géants dans la capitale, gloire au gaz chantée par les vedettes à la télévision, les pouvoirs publics mettent les moyens pour promouvoir le gaz.
Tout est bon pour lutter contre la déforestation. Il faut « absolument inverser la tendance » a déclaré Foumakoye Gado, Ministre de l’Energie. Ainsi, pour montrer l’exemple et inciter la population à s’équiper, l’Etat n’a pas hésité à mettre en place des subventions publiques.
Le but était de permettre aux consommateurs de s’équiper notamment de réchauds, dont le prix a ainsi diminué de 23 000 à 15 000 francs CFA (de 35 à 23 euros) mais également de bonbonnes de 6kg dont la valeur a chuté de 50% soit 1800 francs CFA contre 3500 francs à l’époque, en 2012, quand la campagne de sensibilisation a débuté. De nouvelles baisses pourraient intervenir prochainement.
Le secteur privé a également été mis à contribution. Ainsi, les banques locales ont du négocié avec les entreprises du secteur afin de permettre aux consommateurs qui souhaitaient s’équiper en cuisinière au gaz, « d’obtenir des conditions plus souples d’emprunt » selon Mahamoud Ali, directeur de la société privée Ganigaz.
44.000 tonnes de gaz domestique produites annuellement depuis 2011
Mais la consommation reste faible à cause notamment, d’un faible pouvoir d’achat des ménages. D’où l’intérêt et le succès de cette politique de subvention. Car l’enjeu n’est pas seulement économique. Il est avant tout écologique.
Selon un témoignage recueilli par le journal Le Monde, un expert onusien requérant l’anonymat. estime que « Si les Nigériens arrivaient à consommer la totalité du gaz produit localement, cela compenserait largement les pertes environnementales engendrées par les coupes de bois ».
A l’heure actuelle, 90% des ménages n’utilisent que le charbon de bois pour se chauffer, s’éclairer, et cuisiner à longueur d’année d’après les services nigériens de l’environnement. Ainsi, c’est près de 200.000 tonnes de bois qui sont consommées tous les ans, soit l’équivalent de 100.000 hectares de forêt détruits.
Le désert progresse
Et l’impact est intenable pour le pays, dont le nord est recouvert par le Sahara. « Nous sommes aux portes du désert et nous continuons à détruire le peu de bois qui nous reste », témoigne Moustapha Kadi, dirigeant de Coddae, ONG qui promeut l’accès à l’énergie.
Le Programme des Nations unies pour l’environnement constate que depuis 1990, les zones forestières du sud ont perdu « un tiers » de leur surface, pour ne plus représenter que « 1 % du pays ».
Face « au rythme alarmant des pertes des terres productives, la lutte contre la désertification est une urgence », assène le ministre de l’Environnement, Adamou Cheffou.
Car faute d’arbres, le désert s’étend inéluctablement et « engloutit doucement les terres fertiles », au moment où « la population de plus en plus nombreuse en a besoin pour l’agriculture », déplore l’expert onusien. Une population qui devrait tripler d’ici à 2050.
Le Niger est néanmoins sur la bonne voie mais les mentalités doivent encore évoluer. La consommation de gaz a plus que quintuplé en trois ans, passant de 3.000 tonnes en 2012 à plus de 17.000 tonnes en 2015, selon les statistiques gouvernementales.