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Biogaz : la France doit trouver son modèle

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La France agricole est en retard en termes de développement du biogaz en comparaison avec d'autres pays européens comme l'Allemagne. Mais il s'agit d'une réelle opportunité de définir le modèle de développement ad hoc.

Le biogaz commence à être véritablement connu et reconnu en Hexagone. Ce gaz d'origine renouvelable issu de la méthanisation des résidus agricoles et forestiers entre autre est utilisé en carburant ainsi qu'en chauffage. Les agriculteurs français y on trouvé par là une vraie opportunité de rentabiliser leur activité en crise. De plus en plus d'éleveurs porcins et bovins de même que les producteurs de céréales ou encore de betteraves se sont lancés dans le financement d'un méthaniseur au sein même de leur exploitation. Ils y transforment le lisier et tout autre résidus organiques de leur exploitation en biométhane qu'il revende au gestionnaire du réseau gazier. Une voie presque inespérée pour certains de rentabiliser enfin leur activité et même d'embaucher du personnel. 

L'Etat a récemment fait un geste en leur faveur en annonçant que les coûts de raccordement de leur méthaniseur au réseau seraient désormais pris en charge par une aide spécifique à hauteur de 40% du montant total. Et du côté du coût initial de l'installation, pouvant dépasser les 2 millions d'euros, l'amortissement se réalise grâce à la marge réalisée sur la vente de ce gaz vert.  

La France accuse encore cependant un important retard. On compte actuellement 500 installations au sein des exploitations agricoles lorsqu'il en existe déjà plus de 10 000 en Allemagne. En parallèle, la France s'est engagée à injecter au moins 10% de biogaz d'ici 2030 et Engie en veut même 100% d'ici 2050. Mais plutôt qu'un retard, il s'agit d'une opportunité. Une opportunité de définir un modèle de développement du biogaz pérenne, durable et respectueux de l'environnement. Car le modèle allemand n'est pas à suivre. Le gouvernement a fortement incité les agriculteurs à se lancer dans l'activité. Et pour y parvenir des cultures entières sont totalement dédiées à la culture du biogaz et uniquement à elle. On fait pousser des betteraves uniquement pour les transformer en biogaz.

Dans le même temps, des fermes-usines ont vu le jour dans le but de décupler l'élevage de porcs afin de décupler par la même occasion la "matière première" nécessaire à la méthanisation. Les fermes-usines sont à juste titre dans le collimateur des associations environnementales car la maltraitance animale y est la règle et la malbouffe en est une des conséquence. Ailleurs en Europe, en Slovaqui en l'occurrence, le biogaz mal organisé provoque une déforestation massive. Des pans entiers de forêts sont décimés pour la production de biogaz. 

La France se trouve face à un virage important sur la question du biogaz. Le pays doit trouver son modèle. Un modèle qui doit plutôt s'appuyer sur une diversité de ressources plutôt que sur une industrialisation. Il y a encore beaucoup à faire, beaucoup à exploiter sur les exploitations agricoles mais le pays ne doit pas céder à la facilité. Les boues des stations d'épurations devront devenir une des sources majeures de même que les biodéchets des ménages français (pour peu que l'Etat décide de les collecter), les résidus des exploitations forestières mais aussi les déchets organiques en provenance de l'industrie. Le Port de Bordeaux s'est d'ailleurs récemment lancé dans la construction d'une unité de méthanisation. La clé est certainement dans la diversification et non pas dans l'intensification d'une seule et même ressources. 

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