La Turquie menace d'acheter du gaz ailleurs qu'en Russie

Le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, a averti la Russie en la menaçant d'acheter du gaz naturel ailleurs et faire appel à d'autres pour construire sa première centrale nucléaire, si Moscou viole son espace aérien.

Le gouvernement turc s'est plaint de deux incursions dans son espace aérien de la part d'avions russes impliqués dans la campagne de bombardements en Syrie. L'ambassadeur russe à Ankara a été convoqué à plusieurs reprises après ces incidents, que l'Otan a jugés délibérés et "extrêmement dangereux".

Le chef d'Etat turc a répondu à des questions de journalistes dans l'avion qui le transportait de Bruxelles à Tokyo et a également évalué les explications de la Russie et des Etats-Unis sur un soutien à l'organisation terroriste PYD dans la lutte contre DAESH.

La Turquie a beaucoup d'autres solutions pour se fournir en gaz naturel

Même si la Russie est le premier fournisseur de gaz naturel de la Turquie, "si nécessaire, la Turquie a beaucoup d'autres solutions pour se fournir en gaz naturel", a ajouté Recep Tayyip Erdogan. Il insiste en rappelant que la Russie a d'importants intérêts commerciaux en Turquie en matière d'énergie nucléaire et de gaz naturel et ne doit pas la perdre à cause de la Syrie, source de tensions entre les deux pays même s'il a tenu à faire savoir que la tension provoquée par la violation de l'espace aérien turc par des chasseurs russes ne risquait pas de virer en conflit.

En effet, en matière de nucléaire, il faut rappeler qu'Ankara a choisi en 2013 la compagnie russe Rosatom pour la construction de sa première centrale nucléaire, à Akkuyu. Aucune date n'a cependant été fixée pour le démarrage de ce chantier qui représente un investissement de 20 milliards de dollars. "Si les russes ne construisent pas Akkuyu, d'autres le feront", a déclaré le chef de l'Etat.

"Les Russes ont déjà investi 3 milliards de dollars dans le projet. De ce fait, c'est à la Russie d'agir avec plus d'attention", a dit le chef de l'Etat islamo-conservateur turc, cité par le journal Hürriyet. La centrale d'Akkuyu est un projet d'envergure de 19 milliards d'euros qui devrait entrer en service en 2020.

Premier client de la Russie pour le gaz naturel

Il est vrai que la Russie contrôle largement le robinet de gaz naturel de la Turquie très dépendante envers Moscou qui lui fournit plus de 50% de son gaz. Mais, en prenant le problème à l'envers, la Turquie est le premier consommateur de gaz naturel russe. Ainsi, perdre la Turquie, serait un grave revers pour la Russie tant sur le plan économique que diplomatique.

Parallèlement, les deux Etats sont engagés dans d'autres projets et au premier plan, le Turkish Stream, projet de gazoduc allant de la Russie à la Turquie à travers la Mer Noire, annoncé par le président russe Vladimir Poutine le 1er décembre 2014, durant une visite en Turquie, mais dont les négociations autour de la construction semblaient déjà s'enliser depuis plusieurs semaines.