
Moins d’une semaine après sa rencontre avec Zelensky au Vatican, Trump a obtenu ce qu’il voulait de l’Ukraine depuis plusieurs semaines. Kiev et Washington ont annoncé mercredi avoir signé un accord pour l’exploitation des minerais, du gaz et du pétrole ukrainiens. Cet accord était une condition pour la poursuite de l’aide américaine.
Kiev et Washington ont annoncé mercredi avoir signé un accord pour la création d’un fonds d’investissement en Ukraine. Ce fonds financera des projets d’extraction de minerais, de pétrole et de gaz dans le pays. Géré conjointement par les deux pays, il permettra d’attirer les investissements occidentaux. Ioulia Svyrydenko, ministre ukrainienne de l’Économie, a précisé sur X qu’aucune des deux parties n’aura de vote dominant. « Ce qui reflète le partenariat égalitaire entre l’Ukraine et les États-Unis », se félicite-t-elle.
L’Ukraine s’assure de ne pas se faire avoir par les États-Unis
Kiev souligne également que toutes les ressources sur le sol et dans les eaux territoriales ukrainiens appartiennent à l’Ukraine. On ne sait pas trop ce que cela signifie, mais près de 25% du territoire ukrainien est aujourd’hui occupé par la Russie, principalement la Crimée et une bonne partie du Donbass. Le gouvernement de Kiev note en outre qu’il se réserve le droit de déterminer ce qu’il faut extraire et où. Une façon pour lui de s’assurer qu’il ne se fera pas plumer par l’administration Trump, très portée vers les affaires.
L’Ukraine veut un soutien supplémentaire sous la forme d’armes
Si les États-Unis et l’Ukraine contribueront à parts égales au fonds, Ie Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal affirme que Washington peut choisir d’apporter un soutien supplémentaire sous la forme d’armes, notamment des systèmes de défense aérienne, primordiaux pour faire face aux bombardements incessants de l’armée russe. Il ajoute que son pays fera sa part du travail et, si nécessaire, versera une contribution supérieure aux 50 % convenus des revenus générés par les nouveaux projets.
L’altercation à la Maison blanche a empêché la signature de l’accord fin février
Denys Chmyhal, qui a qualifié l’accord de succès, a déclaré que celui-ci est conforme à la constitution ukrainienne et qu’il ne modifie pas le cours de l’intégration européenne. Pour le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessen, l’accord a été signé « grâce aux efforts inlassables de Donald Trump pour garantir une paix durable » en Ukraine. Pour rappel, une première mouture de ce texte aurait dû être signée lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février. Mais Trump et son homologue ont eu une altercation humiliante, qui a poussé le président ukrainien à rentrer sans signer.
L’accord remanié pour satisfaire l’Ukraine
Face aux réticences de Kiev sur certains points de ce texte, Washington a proposé une nouvelle version en mars. Mais celle-ci avait été jugée très défavorable à l’Ukraine par des députés et des médias ukrainiens. Au fil des négociations, l’administration Trump a remanié le contenu pour le rendre plus acceptable pour Kiev. Ainsi, contrairement à ce que souhaitaient les États-Unis, l’accord ne reconnaît plus comme une dette les dizaines de milliards de dollars d’aide militaire et financière américaine accordée à l’Ukraine par Joe Biden.
Trump lorgne sur les terres rares ukrainiennes
Toutefois, Donald Trump a eu le deal qu’il demandait. Il aura accès aux ressources naturelles de l’Ukraine en échange de l’aide américaine et pourra obtenir le remboursement autrement. Le locataire de la Maison blanche lorgne énormément sur les terres rares ukrainiennes pour sortir son pays de la dépendance vis-à-vis de la Chine. Mais les États-Unis pourraient également bien profiter des hydrocarbures, au moment où l’Europe quête sa souveraineté énergétique.
Des réserves non négligeables de gaz et de pétrole
L’Ukraine dispose de réserves non négligeables de gaz et de pétrole. Au niveau du gaz, en particulier, les réserves prouvées de gaz naturel du pays étaient estimées à 1 104 milliards de m3 fin 2020, soit 0,5 % des réserves mondiales. A cela s’ajoutent 4 495 milliards de m3 de ressources ultimes supplémentaires. En 2014, l’Ukraine occupait la 3e place en Europe pour ses ressources gazières, derrière la Norvège et les Pays-Bas.
L’Ukraine a perdu près de 40% de ses capacités de production de gaz
En 2022, du fait de l’invasion russe, la production de gaz de l’Ukraine a chuté de 6% en 2022, avant de se reprendre légèrement l’année suivante. En 2024, le pays avait produit plus de 19 milliards de m3, une hausse de 2% par rapport à 2023. Depuis quelques mois, les infrastructures énergétiques du pays subissent des frappes de l’armée russe malgré les trêves. Fin mars, les autorités ukrainiennes estimaient que leur pays avait perdu près de 40% de ses capacités de production de gaz. Il doit désormais importer des volumes considérables pour faire face à l’hiver prochain.