Du biométhane produit par une usine de traitement des déchets en Saône-et-Loire va être injecté dans le réseau de GRTgaz, dont c’est une grande première, mais les nouveaux projets ont du mal à trouver des financements.
Pour la première fois en France, GRTgaz a mis en service le plus gros site d’injection de gaz vert. Cette infrastructure, gérée par GRTgaz, filiale d’Engie, dédié au transport de gaz accueille du gaz vert. Il s’agit du biométhane issu du traitement de déchets ménagers locaux d’une usine de Saône-et-Loire. Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, reconnait qu’il s’agit certes, « d’une petite quantité de gaz mais nous espérons que cette injection est la première d’une longue série » pour qui en tout cas, « en tout cas, le processus industriel est bien balisé avec une récupération de biométhane à partir de traitement de déchets. »
Un aboutissement
Ce projet n’était pas gagné d’avance. Pas forcément techniquement même s’il a fallu dix années de préparation mais le projet était complexe, du fait qu’il nécessitait un investissement de 44 millions d’euros. « C’est à ce jour le plus gros projet de ce type en France », reconnaît d’ailleurs Thierry Trouvé. A elle seule, l’installation produira 28 gigawattheures de gaz par an dès que les conditions de production seront à leur maximum, qui seront achetés par Terreal, soit l’équivalent de la consommation de 2.500 foyers par an ou de 120 bus.
L’industriel est partie prenante du projet depuis l’origine, pour son usine voisine de tuiles en terre cuite. « Nos tuiles doivent être cuites à 1.000 degrés, notre consommation d’énergie est énorme », explique François Amzulesco, directeur de l’innovation de Terreal. « Nous avons fait le choix du biométhane il y a dix ans, lorsque la nécessité de réduire nos émissions de CO2 à l’avenir est clairement apparue. » Le gaz vert représentera le tiers de la consommation de gaz de l’usine.
En tout cas, à Chagny, les conditions d’une montée en puissance sont réelles tandis qu’à l’échelle de son réseau, GRTgaz mise pour sa part sur le cap des 1.000 GWh de biométhane injecté par an à l’horizon 2020.
Mais un potentiel exceptionnel
Il faut reconnaître que les utilisateurs de gaz sont de plus en plus nombreux à croire au gaz renouvelable. « Il y a un réel intérêt aussi bien de la part des consommateurs que des pouvoirs publics » témoigne Aurélien Lugardon, du cabinet d’ingénierie Naskeo. Ségolène Royal a loué les vertus de la filière à Strasbourg, et a intégré à la loi sur la transition énergétique un objectif de 10% de biométhane dans les réseaux en 2030. L’horizon pour ce type de projets s’annonce dynamique puisque l’entreprise étudie actuellement une centaine de dossiers similaires. Une cinquantaine sont actuellement plus avancés. GRTgaz souhaiterait procéder entre trois et cinq injections concrétisées chaque année.
Ikea ou Carrefour utilisent du « bio GNV (gaz naturel véhicule) » issu du biométhane, dans leurs véhicules. Cofely achètera du biométhane pour un réseau de chaleur à Outreau. La ville de Bourg-en-Bresse impose à ses fournisseurs de gaz une part de biométhane de 3%. « Du coup, les fournisseurs de gaz, comme Total Energie Gaz, Engie ou Direct Energie, achètent du biométhane pour leurs clients », indique Julien Schmit, responsable du projet chez GRTgaz.
Mais, « pour le moment, seules de petites et moyennes structures sont concernées car les mauvaises odeurs dégagées par ces installations sont susceptibles de faire traîner les dossiers en longueur » d’après le directeur général de GRTgaz. Reste à convaincre les banques, qui sont réticentes à apporter les financements nécessaires. Le biométhane bénéficie d’un tarif d’achat garanti depuis 2011, mais les professionnels le jugent un peu insuffisant. Ils espèrent que le gouvernement, qui a revalorisé le tarif d’achat de l’électricité issue du biogaz « classique », fera un geste pour le biométhane.