Les États-Unis ont détrôné l’Arabie Saoudite en reprenant le leadership mondial de l’extraction d’or noir et le gaz de schiste est largement responsable de ce succès.
Cet été a été marqué par une révolution de la géopolitique énergétique dans le secteur du pétrole et du gaz. En effet, les États-Unis ont détrôné l’Arabie Saoudite en reprenant le leadership mondial de l’extraction énergétique. D’après une étude faite par British Petroleum, les États-Unis auraient ainsi produit environ « 2,1 millions de barils par jour » en 2014, ce qui leur a permis de devancer l’Arabie Saoudite et la Russie. C’est la croissance la plus importante jamais relevée par la société britannique, avec 1,6 million de barils par jour.
Du côté des consommateurs, c’est la Chine, qui prend la tête du classement, avec une augmentation de sa demande à hauteur de « 390 000 barils par jour », même si elle consomme, actuellement, de moins en moins compte tenu de « l’essoufflement économique » qu’elle traverse.
Le poids du gaz de schiste
Pour les Etats-Unis, malgré une forte baisse du prix du baril depuis la fin de l’été dernier, l’exploitation du schiste demeure très rentable pour les producteurs. Grâce aux prouesses techniques et technologiques en matière d’extraction, avec l’utilisation des techniques de forage horizontal et de fracturation hydraulique, les coûts de production deviennent de moins en moins élevés, encore plus si on prend en compte les économies d’échelle réalisées dans le domaine. « La fracturation consiste à fracturer la roche en y injectant sous très forte pression un fluide à base d’eau contenant du sable et des additifs ». Ensuite, du gaz de schiste est extrait pour l’élaboration de gaz énergétique, et de l’huile de schiste pour le pétrole.
De plus, les producteurs ont su s’adapter à la demande mondiale et au prix du marché en réduisant leur main-d’œuvre. Cette possibilité d’ajuster la main d’oeuvre pèse énormément dans les coûts de production du gaz de schiste. Reste à voir si ce regain s’effectuera sur le long terme, car le prix du baril remonté légèrement depuis deux mois, et les externalités négatives engendrées par ce processus d’exploitation commencent à prendre de l’ampleur.
L’Arabie Saoudite menacée de faillite ?
L’Arabie Saoudite, principal producteur de pétrole de l’Opep, peut faire faillite avant la flambée de l’industrie pétrolière américaine, titrait vendredi le quotidien britannique The Telegraph. La hausse des prix du pétrole a boosté le développement des énergies alternatives, notamment l’énergie solaire, ainsi que de l’extraction des hydrocarbures non conventionnels. Or, aujourd’hui, ce développement menace l’économie saoudienne, dont l’état serait aggravé par la chute des prix de pétrole, provoquée, en grande partie, par la politique pétrolière de ce pays.
En décidant de maintenir son plafond de production lors de la dernière réunion de l’Opep de novembre dernier, le riche royaume du Golfe avait permis l’accélération de la dépression des cours du brut qui ont perdu plus de 60% de leurs valeur en une année. Cette décision saoudienne, destinée principalement à étrangler les économies iranienne et russe, a été maintenue en 2015 pour briser l’essor du schiste américain… ce qui n’a vraisemblablement pas fonctionné.
« Si le marché du pétrole reste dans sa situation actuelle, l’Arabie saoudite connaîtra des difficultés dans deux ans, et sera en crise existentielle d’ici la fin de la décennie », prédit The Telegraph puisque malgré des dépenses d’investissement et des besoins en hausse, ses ressources financières chuteraient.