
Le gaz naturel liquéfié (GNL) est de plus en plus utilisé comme alternative au fioul dans le secteur maritime. Bien qu’il soit souvent présenté comme une solution respectueuse de l’environnement, son impact écologique reste important.
Une réputation de carburant écologique
Des acteurs comme le pétrolier Total qualifient le GNL de « carburant marin propre » dans leurs communications. La compagnie MSC, par exemple, met en avant l’utilisation de ce gaz sur son paquebot Euribia, accompagné du slogan « Save the Sea » (Sauvons la mer), en précisant que cette technologie pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 20 %. Toutefois, ces affirmations nécessitent d’être nuancées, car le GNL n’est pas sans conséquence pour l’environnement.
Des avantages limités en termes de pollution
En matière de qualité de l’air, le GNL génère effectivement moins de polluants comme les oxydes de soufre, les particules fines et les oxydes d’azote, qui sont nocifs pour la santé humaine et responsables de décès prématurés. Cependant, lorsque l’on s’intéresse aux émissions globales de gaz à effet de serre, les bénéfices du GNL sont bien moins évidents. Certes, il émet moins de CO2 à la combustion, mais cet avantage est largement compensé, voire annulé, par les émissions liées à son cycle de vie complet.
Une extraction et un transport coûteux en énergie
Le GNL, étant une énergie fossile, est extrait de formations rocheuses, un processus souvent très polluant. Aux États-Unis, qui fournissent 20 % du gaz naturel consommé en Europe, la fracturation hydraulique est utilisée pour extraire le gaz de schiste, une méthode controversée et interdite en France en raison de ses impacts environnementaux. Une fois extrait, le gaz doit être refroidi à -160°C pour être liquéfié, puis transporté à travers l’Atlantique par des navires-tankers fonctionnant au pétrole. L’ensemble de ces opérations génère des émissions significatives de gaz à effet de serre.
Le problème des fuites de méthane
Le méthane, constituant principal du GNL, est un gaz à effet de serre particulièrement puissant. Lors de son extraction, des fuites peuvent se produire, et des pertes sont également possibles dans les réservoirs des navires en raison de l’imperfection des moteurs. Selon le GIEC, le méthane a un potentiel de réchauffement climatique 83 fois supérieur à celui du CO2 sur 20 ans et 28 fois sur 100 ans.
Une efficacité variable selon les conditions
Alors, le GNL est-il réellement moins polluant que le fioul ? Tout dépend de plusieurs facteurs, comme le type de moteur et la provenance du gaz. D’après un rapport sur la décarbonation du secteur maritime, l’impact environnemental du GNL peut varier de -17 % à +6 % en termes d’émissions de gaz à effet de serre par rapport au fioul. Le cabinet Carbone 4 estime, pour sa part, une réduction moyenne de 5 % à 10 %.
En conclusion, bien que le GNL présente certains avantages en termes de qualité de l’air, son bilan carbone global reste mitigé, et son utilisation soulève encore de nombreux défis environnementaux.