La production mondiale d’énergie renouvelable a connu une hausse sans précédent entre 2022 et 2023, notamment dans les pays du G20. Toutefois, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), cette dynamique reste insuffisante pour maintenir l’objectif de 1,5 °C de réchauffement climatique. Un constat préoccupant à l’heure où les seuils climatiques critiques sont franchis.
Une croissance record portée par l’Asie et les grandes économies
En 2023, la capacité mondiale de production d’énergie renouvelable a bondi de 13,9 %, selon les données publiées par l’Irena. Cette progression représente un ajout net de 473 gigawatts (GW), portant le total mondial à 3 870 GW. Il s’agit là d’une augmentation record, saluée par l’agence comme « impressionnante », tant par son ampleur que par sa portée géographique. Près de 86 % des nouvelles capacités électriques installées dans le monde l’an dernier proviennent des énergies renouvelables.
Dans ce mouvement global, les pays du G20 ont joué un rôle moteur. Leurs capacités combinées ont crû de 15 % sur un an, atteignant un total de 3 084 GW fin 2023. Parmi eux, les pays du G7 ont contribué à hauteur de 69,4 GW supplémentaires, soit une augmentation de 7,6 %. Ces chiffres témoignent d’une accélération certaine des investissements dans le solaire, l’éolien ou encore l’hydroélectrique, en réponse à la double contrainte du dérèglement climatique et de la sécurité énergétique.
L’insuffisante progression des énergies renouvelables face aux objectifs climatiques
Malgré ces progrès, l’Irena lance un avertissement clair : le rythme actuel, bien qu’inédit, ne permettra pas de maintenir le réchauffement global sous la barre des 1,5 °C, comme fixé par l’Accord de Paris. Et pour cause : ce seuil symbolique a été franchi au cours de l’année 2024, marquant une nouvelle étape dans la dégradation climatique.
Pour rester dans une trajectoire compatible avec les recommandations scientifiques, les capacités renouvelables devraient croître à un rythme beaucoup plus soutenu dans les années à venir. Selon l’Irena, il faudrait plus que tripler le rythme annuel d’installations d’ici 2030, afin de compenser la dépendance persistante aux combustibles fossiles. Or, malgré la baisse tendancielle de la production d’électricité issue du charbon et du gaz dans plusieurs pays, ces sources restent encore dominantes dans de nombreuses économies du Sud et de l’Est du globe.
Les freins structurels à une transition accélérée
La dynamique actuelle, bien que prometteuse, reste freinée par plusieurs obstacles structurels. D’une part, les investissements dans les énergies renouvelables demeurent très inégalement répartis. La Chine, à elle seule, a représenté près de la moitié des nouvelles capacités installées en 2023, tandis que de nombreux pays émergents peinent à accéder aux financements nécessaires. D’autre part, les infrastructures de réseaux électriques ne suivent pas toujours le rythme de l’expansion des énergies intermittentes, comme le solaire et l’éolien.
La crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine a pourtant servi d’accélérateur dans certaines régions, poussant les États à diversifier leurs sources d’énergie. En Europe, par exemple, la sortie du gaz russe a favorisé un regain d’intérêt pour les énergies renouvelables et la relance de projets longtemps bloqués. Toutefois, cette réorientation reste tributaire de volontés politiques fortes et d’un cadre réglementaire adapté.
Un changement d’échelle indispensable pour les énergies renouvelables d’ici 2030
Le rapport de l’Irena appelle à une transformation rapide et massive du système énergétique mondial. Cette transition passe par une électrification accrue des usages — dans le transport, l’industrie et les bâtiments — ainsi que par le développement de technologies de stockage et de flexibilité. Les pays du G20, en tant que plus grands émetteurs mondiaux, ont un rôle crucial à jouer dans cette transition. Leur leadership est indispensable pour fixer des normes, mobiliser les capitaux privés et soutenir l’innovation.
Pour l’Irena, le message est clair : la croissance actuelle, aussi forte soit-elle, ne constitue qu’une base. Le défi désormais est de passer à une échelle véritablement systémique. Cela implique des politiques ambitieuses, une coopération internationale renforcée et une mobilisation constante des acteurs publics comme privés.
Une dynamique fragile, mais cruciale
Si les chiffres de 2023 montrent une dynamique encourageante, ils soulignent aussi la fragilité des progrès réalisés. L’accélération de la transition énergétique est possible, mais elle dépendra de la capacité des pays à maintenir le cap malgré les crises géopolitiques, les tensions sur les matières premières et les contraintes budgétaires.
Le temps joue désormais contre nous. Chaque année compte, chaque décision pèse. Les pays du G20 doivent agir en cohérence avec leurs engagements climatiques, sous peine de voir les dérèglements s’aggraver, rendant toute adaptation de plus en plus coûteuse, voire impossible. Le rapport de l’Irena, au-delà de ses chiffres, est un appel à transformer l’ambition en action.
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Bravo pour cet article ! Les chiffres sont impressionnants, mais que peut-on faire pour accélérer encore plus cette transition énergétique ?
Je suis toujours sceptique quant aux promesses des grandes puissances. Vont-ils vraiment changer la donne ? 🤔
Merci pour cet éclairage. Espérons que les objectifs climatiques soient enfin pris au sérieux !
C’est super de voir une progression, mais pourquoi l’Europe ne fait-elle pas mieux ?
La Chine est vraiment en tête du peloton, mais est-ce suffisant pour le reste du monde ?
L’article est très informatif, mais j’aurais aimé voir plus d’analyses sur les impacts locaux.