Les livraisons de gaz russe perturbées cet hiver

Les livraisons de gaz russe vers l'Europe et la France pourraient être perturbées pendant l'hiver, car selon Moscou, l'Ukraine n'assure pas un niveau suffisant de réserves à cause de son différent avec la Russie sur les prix.

Le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak a averti mercredi son homologue française Ségolène Royal du risque de perturbations des livraisons de gaz russe vers l'Europe pendant l'hiver, malgré le récent accord gazier entre Moscou et Kiev. Lors d'une rencontre à Moscou, M. Novak "a informé son homologue française des possibles risques liés au fait que l'Ukraine n'assure pas un niveau suffisant de gaz dans ses réserves avant l'hiver", a indiqué le ministère russe dans un communiqué.

15% du gaz consommé en Europe

Près de 15% du gaz consommé en Europe transite par le territoire ukrainien. Le différend entre Moscou et Kiev concernant le prix du gaz russe a néanmoins abouti à une baisse du niveau des réserves situées sur le territoire ukrainien pour garantir la fluidité du trafic. Après une nouvelle interruption de trois mois, la Russie et l'Ukraine sont parvenues à un accord à Bruxelles, permettant une reprise des livraisons le 12 octobre, avant la période de forte consommation en hiver.

Dans le cadre de cet accord, l'Union européenne s'est engagée à faciliter le financement des achats ukrainiens à hauteur d'au moins 500 millions de dollars d'ici la fin de l'année, justement pour que Kiev puisse remplir de nouveaux ses réserves. Alexandre Novak avait d'ailleurs indiqué mardi que 400 millions de dollars avaient déjà été versés.

La faute à l'interruption de trois mois

Cette semaine, son homologue ukrainien, Volodymyr Demtchichine, a cependant reconnu que l'Ukraine ne pourrait pas atteindre le niveau visé de 19 milliards de mètres cubes de réserves d'ici à la fin de l'année comme elle l'espérait. Il a évalué le niveau en fin d'année à 17,2 milliards de mètres cubes, ce qui est généralement jugé risqué pour le transit du gaz destiné à l'Europe. A moins que l'hiver ne soit très doux, ce qui n'est en rien garantit à ce jour.

Gazprom tente de redorer son image en collaborant pleinement avec l'Union Européenne. Il faut dire qu'au-delà du conflit latent avec l'Ukraine, les relations sont tendues avec la Turquie. Le projet de gazoduc Southstream n'avance pas, Ankara attaque la Russie pour contester le prix de vente du gaz alors que parallèlement, la concurrence émerge avec la découverte du plus grand gisement de gaz naturel par Eni au large de l'Egypte.