L'Algérie met les gaz sur l'Europe

L'Algérie a considérablement augmenté ses livraisons de gaz à destination de ses clients européens, Italie et Espagne en tête. Une stratégie d'augmentation de l'offre visant à lui faire conserver ses parts de marché.    

La carte des fournisseurs énergétiques de l'Europe est en train doucement mais sûrement de changer. Même si Gazprom conserve encore une position dominante, son leadership est appelé à être remis en cause notamment par le gaz de schiste US ou encore par le gaz conventionnel cette fois en provenance d'Azerbaïdjan notamment. Ce changement de stratégie d'approvisionnement a ainsi de quoi donner quelques sueurs froides aux fournisseurs traditionnels, parmi lesquels l'Algérie. Sentant le vent tourné depuis quelques temps, le pays a décidé d'élever plus que significativement ses livraisons de GNL à destination de l'Italie et de l'Espagne, ses deux principales portes d'entrée sur le juteux marché européen.

Ainsi, rien que pour le mois d'Avril de cette année, les expéditions de gaz ont bondi à près de 2 milliards de mètres cubes, soit le plus haut niveau mensuel jamais encore enregistré depuis 2013. La grande compagnie énergétique du pays, la Sonatrach, annonce ainsi par la voix de son directeur général vouloir poursuivre dans cette voie en augmentant les flux de GNL vers l'Europe de l'ordre d'au-moins +15% par rapport aux années précédentes, portant à un total de quelques 50 milliards de mètres cubes pour toute l'année 2016, la demande de l'Europe ayant augmenté en moyenne de +30%.

Le gaz de schiste à la rescousse

Et pour enfoncer un peu plus le clou encore, l'Algérie a annoncé récemment sa volonté de faire appel à l'expertise de Gazprom (pourtant un concurrent sur le marché européen) quant à la question de l'extraction de son gaz de schiste cette fois. Car après un arrêt des opérations de forage dans son bassin gazier, le pays a fait savoir qu'il envisageait plus que sérieusement de relancer l'activité. Et si les intentions sont bel et bien de pouvoir dans un premier temps satisfaire la demande intérieure en hausse, le coup double recherché est bien celui d'être en possession de stocks massifs de gaz en vue de les exporter vers les pays d'Europe. Car entre la Russie, la Norvège, l'Azerbaïdjan et les Etats-Unis, la liste des concurrents est longue. L'Algérie entend ainsi reprendre de précieux points de part de marché augmentant sa production et ses livraisons vers le Vieux Continent.

Les principaux pays clients de l'UE que sont l'Italie, l'Espagne et bien entendu la France ne peuvent que se réjouir de ce soudain regain d'intérêt. D'un côté, cela permettra à l'Europe de sécuriser un peu plus ses approvisionnements et de l'autre de bénéficier d'une guerre de prix à son avantage.