Zohr : le trésor gazier de l'Egypte

Grâce à la découverte de ce qui s'apparente comme le plus gros gisement gazier de Méditerranée, l'Egypte va ouvrir une nouvelle page de son histoire.    

Baptisé Zohr par le groupe énergétique italien ENI qui en possède le permis d'exploitation, le gisement offshore de l'Egypte renfermerait non moins de 850 milliards de mètres cubes de gaz naturel enfouis à près de 1 500 mètres de profondeur. Des quantités qui n'ont tout simplement jamais été encore découvertes à ce jour en Méditerranée. Un véritable trésor énergétique donc pour l'Egypte, une aubaine qui va lui permettre d'atteindre rapidement l'autosuffisance énergétique d'ici deux à trois années à peine. Une véritable révolution est donc en train de se jouer dans ce pays qui connaissait jusqu'à présent des coupures d'électricité récurrentes, des pannes de rames de métro, des quartiers entiers plongés dans l'obscurité, des climatiseurs HS en plein pic de chaleur....Autant dire que la vie des populations locales et celles des entreprises va clairement et radicalement changer.

Avec une telle quantité de gaz enfoui, l'Egypte pourra faire tourner à plein régime ses centrales thermiques, en créera de nouvelles grâce aux recettes commerciales de son précieux gaz, fera bénéficier d'une énergie abondante et bon marché aux entreprises et particuliers, satisfera aisément et pour bien longtemps la demande intérieure.

Un virage à 180°

Le gisement de Zohr est tellement prometteur et l'Egypte en a tellement besoin que son exploitation débutera une année plus tôt que prévu, soit dès 2017. Car il faut dire que la situation énergétique de l'Egypte était jusqu'il y a peu des plus complexes. Avec une population totale de 87 millions d'habitants, la consommation en électricité a bondi de 70% en dix années à peine et devrait encore continuer de croître à un rythme de 6,5% par année jusqu'en 2020 selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement. Et avec une croissance économique supérieure à 5% au cours de la période 2000 - 2010, l'Egypte a dû faire face à une situation énergétique bien difficile. Alors que le pays exportait son gaz, il a été dans l'obligation d'en importer des quantités massives en provenance d'Arabie Saoudite, du Qatar ou de l'Algérie. Autant dire qu'avec Zohr, l'Egypte est en train d'opérer un virage à 180°.  

Selon les analystes, le champ de Zohr devrait déboucher sur la mise en place d'un grand hub gazier sur les côtes égyptiennes. Dès lors, le pays pourra mettre sur pied des infrastructures de liquéfaction et de traitement de son précieux gaz en vue bien entendu de l'exporter à nouveau. Les Européens ne manqueront pas de signifier leur intérêt et si l'Italien ENI est d'ores et déjà positionné, nul doute que d'autres grands groupes tels qu'Engie, Total ou encore BP mèneront d'âpres négociations dans le but de se porter acquéreur d'une partie de la production gazière.