Actualités sur le gaz : exploration et extraction, acteurs, technologie, consommation, ...

Guerre en Ukraine : les prix du gaz s’envolent, l’Europe s’inquiète

Ukraine Russie Union Européenne gaz naturel fourniture GNL Allemagne Italie
Rédigé par

L’invasion de l’Ukraine par la Russie met l’Union Européenne dans une situation énergétique délicate, notamment pour le gaz naturel. Si, pour l’heure, la Russie continue de fournir ses partenaires européens, une rupture demeure possible à tout moment, sur initiative de l’Union (comme sanction économique) ou du Kremlin (comme réponse aux sanctions économiques). Pour anticiper ce risque, les pays européens, Allemagne et Italie en tête, multiplient les démarches vers d’autres fournisseurs. En attendant, les prix du gaz naturel tutoient de nouveaux records en Europe.

Ce 24 février 2022, la Russie a lancé une offensive d’ampleur contre son voisin ukrainien. Alors que la guerre fait rage dans le pays, les sanctions économiques ont commencé à pleuvoir sur la Russie, issues notamment des Etats-Unis et de l’Union Européenne. Elles ont notamment frappé le système financier russe (exclusion de sept banques du système Swift, gels des avoirs des oligarques et de la banque centrale russe).

Pas de sanctions contre la Russie sur les hydrocarbures

Mais elles épargnent pour l’heure le secteur énergétique. L’Union Européenne n’a pas attaqué les deux principales banques russes engagées dans les hydrocarbures. Et, si l’Allemagne a bel et bien suspendu la mise en service du gazoduc Nord Stream 2, les livraisons de gaz russe vers l’Europe se poursuivent pour l’heure.

Rien d’étonnant à cela : la Russie fournit plus de 40 % du gaz des pays de l’Union Européenne, près de 60 % pour l’Allemagne. Des deux cotés, aucun des deux partenaires n’a d’intérêt à la rupture : l’Union Européenne a un besoin crucial du gaz russe, surtout dans un contexte de crise énergétique et de hausse des prix, et estime que chaque jour d’approvisionnement est un jour de gagné. La Russie, de son coté, ne peut pas cracher sur la manne financière de ses ventes de gaz en Europe, surtout face à un affaiblissement généralisé de son économie.

Les prix du gaz s’envolent vers de nouveaux records

Pourtant, cette situation demeure excessivement fragile. Si la situation s’enlise militairement, ou en cas d’escalade russe, les sanctions européennes pourraient finir par frapper les importations de gaz et de pétrole. De même, la Russie pourrait finir par décider, en réaction aux sanctions la frappant, de couper le robinet de gaz à l’Europe.

La profonde incertitude sur l’avenir des importations russes a d’ailleurs poussé à la hausse les cours du gaz en Europe. Ce 2 mars 2022, le cours européen de référence, le TTF néerlandais, a connu un pic historique à 194,715 euros le MWh. Il a certes clôturé plus bas, à 165 euros, mais a connu un nouveau bond ce 3 mars 2022, à 198 euros.

Ce même 2 mars 2022, le prix du gaz britannique pour livraison le mois prochain a atteint 463,83 pence par thermie, très proche de son record historique de décembre 2021 (470,83 pence).

L’Union Européenne en quête d’alternatives au gaz russe

Pour autant, les pays de l’Union Européenne se préparent au pire. Conscients, d’ailleurs, que ce choix de la Russie était une erreur stratégique, ils se promettent de la réparer : "Nous avons une dépendance au gaz et au pétrole russe. Nous allons la réduire aussi vite que possible, cela veut dire développer les énergies renouvelables et l’hydrogène. Mais il va y avoir des turbulences sur les marchés de l’énergie. Cela va augmenter les prix qui seront payés par les consommateurs", a ainsi reconnu le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell.

La porte de sortie à court terme est connue : le GNL. Pour le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton. il faut « accroître le gaz liquéfié, faire en sorte que les investissements importants soient faits très rapidement ». Mais cette solution a également des limites, comme le souligne le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné : « les terminaux de regazéification sont tous pleins en ce moment, et on n’a pas assez de terminaux en Europe pour regazéifier le gaz liquéfié afin de remplacer les 40% de gaz russe ».

L’Allemagne débloque 1,5 milliards pour du GNL

L’Allemagne a d’ailleurs décidé, ce 2 mars 2022, par la voix de son ministère de l'Economie et du Climat, de débloquer une enveloppe exceptionnelle de 1,5 milliard d'euros pour acheter dans les plus brefs délais du GNL, en mandatant une entreprise privée qui réalisera cette transaction et déterminera où ce gaz sera acheté.

Berlin a également lancé le 27 février un projet de construction de deux terminaux de regazéification dans le nord du pays, qui devraient entrer en service en 2026.

L’Algérie discute avec l’Europe, et notamment l’Italie, pour fournir plus de gaz

Le 28 février, le géant algérien public des hydrocarbures, Sonatrach, s’est par ailleurs déclaré prêt à fournir davantage de gaz à l’Europe, notamment via le gazoduc Transmed qui relie l’Algérie à l’Italie. Sonatrach est "un fournisseur fiable de gaz pour le marché européen et est disposé à soutenir ses partenaires de long terme en cas de situations difficiles", a déclaré son PDG, Toufik Hakkar.

Ce même jour, le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio s'est rendu en Algérie pour discuter d'une augmentation des fournitures de gaz : "Nous discuterons du renforcement de la coopération bilatérale, en particulier pour répondre aux besoins en matière de sécurité énergétique européenne, à la lumière du conflit en Ukraine", a-t-il tweeté.

Au-delà de cette quête de nouveaux fournisseurs, Allemagne comme Italie ont annoncé qu’elles risquaient d’augmenter leurs recours aux centrales au charbon dans les semaines et mois à venir. L’Allemagne envisage même de repousser la fermeture de ses trois derniers réacteurs nucléaires, pourtant programmée de longue date pour la fin de l’année 2022.

0 Commentaires

Laisser un commentaire

À la Une aujourd'hui