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Flou sur la conclusion d'un accord entre la Russie et la Grèce pour la construction d'un gazoduc

Russie Grèce Turquie Gazoduc
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Selon la presse allemande et grecque, la conclusion d'un accord qui permettrait à la Grèce, d'obtenir jusqu'à 5 milliards de dollars d'avances de fonds, de la part de la Russie pour la construction d'un gazoduc, serait imminente.

Selon plusieurs médias allemands et grecs, Moscou et Athènes pourraient conclure dès cette semaine un accord financier qui permettrait à la Grèce de bénéficier de 5 milliards de dollars d'avance pour la construction du gazoduc Turkish Stream. Un haut responsable grec du parti au pouvoir, Syriza, affirmerait même que "l'accord est quasiment bouclé et que les détails de celui-ci ont été examinés lors de la récente visite du premier ministre grec Alexis Tsipras, à Moscou".

Le premier ministre a effectivement exprimé son intérêt pour ce projet qui doit, tout d'abord, acheminer le gaz russe vers la Turquie via la mer Noire. Ce projet a été relancé par Moscou après l'abandon du projet de gazoduc South Stream qui devait alimenter l'Europe en via l'Ukraine et fournir 63 milliards de mètres cubes de gaz par an. Jugeant la position européenne "non-constructive" dans la crise ukrainienne, Moscou avait décidé d'arrêter le chantier et d'envisager désormais la construction d'un second gazoduc sous la mer Noire.

3 à 5 milliards de dollars d'avance

Le texte de l'accord prévoirait qu'Athènes reçoive entre 3 et 5 milliards de dollars de prépaiement pour le transit de gaz en provenance de la Russie vers les pays de l'Union Européenne. Cette avance correspondrait ainsi aux futures redevances sur le transit de gaz russe par le gazoduc en territoire grec. Ce gazoduc qui devrait entrer en service en 2019, les prépaiements versés d'ici là, seraient alors déduits des revenus qu'Athènes tirera à cette date, de celui-ci.

Athènes espère aussi, par ce biais, diminuer sa propre facture énergétique en obtenant une réduction de 10% sur son approvisionnement en gaz russe. Dans l'immédiat, cet argent devrait permettre à la Grèce, à court de liquidités, d'éviter le crash financier alors que ses négociations pour le versement de la dernière tranche du plan d'assistance internationale dont elle bénéficie, soit 7,2 milliards d'euros, est au point mort avec ses créanciers (Union Européenne, Banque Centrale Européenne, Fonds Monétaire International).

Un accord sous tension

A l'heure actuelle, aucun des deux pays ne confirment la signature imminente d'un tel accord. "Non, il n'y a pas eu d'accord", a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sur les ondes de la radio Business FM. "Vladimir Poutine a lui-même déclaré que personne n'avait demandé de l'aide à la Russie. Naturellement, la question de la coopération énergétique a été soulevée (...) et va être étudiée par les experts, mais la Russie n'a pas promis d'aide financière, tout simplement parce que personne ne l'a demandé."

L'Allemagne, par la voix de son ministre des Finances a salué l'aide russe à la Grèce alors que Bruxelles s'oppose à tout nouvel itinéraire pour la fourniture de gaz en provenance de Russie.

Parallèlement, les experts russes doutent de la conclusion d'un tel accord. "Les parties signeront très probablement un mémorandum gazier à Athènes. Mais l'attribution de plusieurs milliards d'euros pour la construction d'un gazoduc qui n'a même pas de projet serait prématurée", dixit Sergueï Pravossoudov, directeur de l'Institut de l'énergie nationale. D'autant que la Russie négocie toujours avec la Turquie pour la construction du gazoduc sur son territoire.

La Turquie en position de force

La Russie est prise dans un étau. Elle a clamé haut et fort son intention de renoncer à la construction d'un gazoduc via l'Ukraine mais a signé des contrats à long terme pour livrer son gaz en Europe qu'elle doit respecter sous peine de sanctions financières. Cette livraison de gaz peut très bien se faire également par la Turquie qui semble être le seul itinéraire possible pour Moscou. Ankara l'a bien compris et fait monter les enchères en exigeant de Moscou des réductions de plus en plus importantes sur le gaz.

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