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La Roumanie relance l’exploitation de ses champs gaziers en Mer Noire

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Conséquence à la fois de l’invasion russe en Ukraine, d’une volonté d’assurer son autonomie énergétique et d’une transition énergétique s’appuyant sur le gaz, la Roumanie va réviser la loi freinant l’exploitation de nouveaux gisements gaziers en Mer Noire, en réduisant notamment les taxes supplémentaires. Parallèlement, le pays diversifie ses approvisionnement en gaz pour se libérer totalement de la Russie.

La Roumanie est l’un des rares pays de l’Union Européenne à disposer d’une importante production de gaz naturel. Le pays n’a ainsi importé que 24 % de sa consommation nationale en 2021.

La Roumanie mise sur le gaz naturel pour sa transition énergétique

Le pays a d'ailleurs choisi de miser sur le gaz pour assurer sa transition énergétique, et remplacer les trop polluantes centrales au charbon (conjointement à des projets renouvelables et nucléaires). Le pays envisage notamment de se doter de centrales en cogénération (électricité et chaleur) de 1 600 MW, financées par les fonds du Green Deal européen.

Mais la Roumanie a pour cela besoin de sécuriser son approvisionnement en gaz naturel, une question devenue cruciale avec l’invasion en Ukraine et la menace de rupture des approvisionnements russes.

Les réserves des gisements roumains exploités baissent

Mais cette augmentation de la consommation et la diminution des réserves pourraient, selon le ministère roumain de l’énergie, conduire le pays à importer 53 % de son gaz en 2030. Pour éviter cette situation, le gouvernement roumain estime qu’il ne peut plus se passer des réserves de 200 milliards de mètres cubes de gaz des gisements de la mer Noire.

Les gisements offshore en exploitation fournissent actuellement 10 % du gaz consommé en Roumanie, mais ils arrivent en fin de vie. En 2018, le gouvernement socialiste, soucieux de réduire l’impact carbone du pays et de soutenir sa transition énergétique, avait instauré une loi taxant très fortement les nouveaux investissements dans la mer Noir et limitant les exportations du gaz issus des champs gaziers offshore.

Pour se défaire des importations russes, la Roumanie lève les freins réglementaires à l’exploitation du gaz en mer Noire

Mais, avec la nécessité de se défaire des importations russes (qui couvrent 20 % de la consommation roumaine, mais via des intermédiaires étrangers, et pas directement via Gazprom, protégeant le pays d’une situation similaire à la Bulgarie ou la Pologne), la donne a changé.

Le premier ministre roumain Nicolae Ciuca a ainis présenté un projet de loi réduisant fortement les taxes pour l'exploitation des champs gaziers de la mer Noire, et favorisant l’exportation du gaz naturel roumain. Son premier effet sera de rendre possible l’exploitation du champ Neptun Deep, attribué en 2000 par le gouvernement roumain à un consortium composé de l'autrichien OMV Petrom et d’Exxon Mobil.

Romgaz va se porter acquéreur des parts d’Exxon dans le projet Neptun Deep

Des retards divers puis la nouvelle législation ont empêché jusqu’ici sa mise en service, au point qu’Exxon a décidé de quitter la Roumanie en 2019. Ses parts dans Neptum Deep devraient être prochainement rachetées par le producteur de gaz public roumain Romgaz pour environ un milliard de dollars.

Un autre producteur de gaz, Black Sea Oil and Gas, rassuré par l’évolution réglementaire, a déclaré le mois dernier qu'il commencerait à extraire du gaz de son propre projet offshore roumain au deuxième trimestre de 2022.

La Roumanie pourrait devenir exportateur de gaz d’ici 5 ans

Les experts énergétiques roumains estiment qu’en exploitant ses gisements en mer du Nord le pays pourrait devenir le premier producteur de gaz fossile d’Europe. Le Premier ministre Nicolae Ciuca espère que le pays deviendra exportateur net de gaz dès la fin 2026, à la mise en exploitation de Neptun Deep.

Il a aussi rappelé que les décisions de la Russie de couper le robinet aux Européens refusant de payer leur gaz en rouble ne touchaient pas pour l’heure la Roumanie : « La Roumanie n'est pas affectée pour le moment. La consommation de gaz est bien inférieure à la capacité de production que nous avons. Vous savez très bien que nous sommes l'un des rares pays d'Europe à bénéficier d'une ressource gazière conséquente, même si elle n'est pas suffisante pour répondre à nos besoins totaux », a-t-il déclaré.

Réduire la dépendance roumaines aux importations russes

« En période hivernale, nous importons environ 20% du gaz naturel nécessaire. Nous sommes actuellement à la recherche de sources alternatives d'approvisionnement en gaz », complète-t-il.

Le lundi 2 mai 2022, à la sortie de la réunion de crise des ministres de l’énergie de l’Union européenne, le ministre roumain de l'énergie, Virgil Popescu, a déclaré : "La Roumanie a déjà identifié des sources et des routes alternatives pour le gaz naturel afin de réduire la dépendance aux importations russes. Dans ce contexte, j'ai fait savoir à la Commission européenne qu'il est important pour la Roumanie que le Vertical Gas Corridor et le gazoduc transbalkanique fonctionnent à leur capacité maximale".

Achever les interconnexions gazières dans l’Europe du Sud-Est

Ces deux infrastructures, ainsi que gazoduc Bulgarie-Grèce (qui a achevé en mars 2022 son interconnexion avec le gazoduc transadriatique (TAP)), le futur gazoduc BRUA (qui va relier les deux villes roumaines de Podișor et Recaș) et l’interconnexion Bulgarie-Roumanie, permettront d’acheminer le gaz naturel venu d’Azerbaïdjan et des terminaux GNL de Grèce dans toute l’Europe de Sud-Est, notamment en Roumanie.

L’ensemble de ces gazoducs permettront aussi à la Roumanie d’exporter son gaz fossile dans toute la région, et jusqu’en Autriche et en Allemagne.

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