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Union Européenne : quel plan pour se libérer du gaz naturel russe ?

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A la veille du sommet de Versailles, qui réunissait les États membres de l’Union Européenne ces 10 et 11 mars 2022, la Commission Européenne a présenté un vaste plan baptisé « REPowerEU », visant à permettre à l'Europe de se passer totalement des hydrocarbures russes « bien avant 2030 ». Il ambitionne notamment de diviser par trois l’achat de gaz russe d’ici 2023. Avec deux leviers principaux : diversification des approvisionnement et accélération des investissements dans les renouvelables.

Diversifier les importations de gaz naturel, et réduire sa consommation en augmentant rapidement les capacités de production d’électricité renouvelable : tels sont les deux piliers du plan « REPowerEU », présenté le 8 mars 2022 par la Commission Européenne, à la veille d’un sommet informel des Vingt-Sept, à Versailles, les 10 et 11 mars 2022, qui a permis de confirmer cette orientation stratégique.

La Russie : 40 % des importations et 19 % de la consommation de gaz naturel de l’Union Européenne

Ce plan répond aux inquiétudes croissantes sur les livraisons de gaz naturel russe dans l’Union Européenne, compromises à moyen terme par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la batterie de sanctions économiques lancées depuis par l’Union Européenne contre Moscou, qui pourraient toucher directement ou indirectement à l’approvisionnement de l’Union en gaz.

Pour rappel, la Russie est aujourd’hui le premier fournisseur d’hydrocarbure de l’Union Européenne, avec 20 % des importations et 16 % de la consommation totale de pétrole, et, surtout, 40 % des importations et 19 % de la consommation pour le gaz naturel en 2021 (année historiquement basse).

« Nous devons devenir indépendants du pétrole, du gaz et du charbon russes »

Cette dépendance est plus ou moins marquée selon les pays : la Slovaquie et les États baltes ont importés en 2021 100 % de leur gaz naturel de Russie, la Pologne 80 %, l’Autriche 67 %, l’Allemagne et l’Italie 37 %, la France 24 %.

« Nous devons devenir indépendants du pétrole, du gaz et du charbon russes. Nous ne pouvons tout simplement pas reposer sur un fournisseur qui nous menace explicitement », a expliqué la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Le plan « REPowerEU » veut diversifier les fournisseurs de gaz

La priorité numéro 1 de « REPowerEU » est de diversifier les fournisseurs et les routes d’approvisionnement, en misant notamment sur le biogaz, le GNL et l’hydrogène "vert", produit à partir de sources renouvelables (pour rappel, l’hydrogène « gris » est produit à partir de… gaz fossile – c’est d’ailleurs l’une des plus importantes utilisations du gaz naturel dans le secteur industriel).

Le GNL sera ainsi sans doute privilégié. La Commission a cité, parmi les partenaires avec qui augmenter les échanges, les Etats-Unis, la Norvège, l'Algérie, l'Egypte, la Corée du Sud, le Japon, le Qatar, la Turquie et Israël. Au lendemain de la présentation de ce plan, la Norvège a toutefois précisé qu’elle avait atteint le maximum de ses capacités d’exportation, et ne pourrait pas augmenter ses livraisons à l’Union Européenne.

Le cas de l’Algérie est également fort complexe : le pays a publiquement affirmé qu’il pourrait augmenter ses livraisons vers l’Italie en cas de besoin… mais il n’a pas, dans le même temps, tenu ses engagements de livraisons avec l’Espagne, suite à la fermeture du Gazoduc Maghreb Europe (GME) en octobre 2021, à cause de soucis techniques sur le gazoduc Medgaz et de difficulté à livrer les quantités de GNL devant couvrir le différentiel entre les deux gazoducs.

Vers des réserves de gaz européennes remplies à 90 % au 1er octobre

Quoiqu’il en soit, la Commission rappelle que la fin de l’hiver 2022 ne devrait pas poser de soucis, car les réserves des pays de l’Union Européenne sont remplies à 30 %, même si le coût de ce remplissage fut douloureux pour les économies des pays membres, les cours du gaz naturel étant en Europe à leurs plus hauts niveaux historiques

En avril 2022, la Commission Européenne présentera un nouveau plan, qui imposera aux Etats membres d'avoir rempli 90 % de leurs capacités de stockage de gaz au 1er octobre chaque année, notamment grâce à une mutualisation des achats de gaz, dont le principe devrait être adopté prochainement.

Développer les renouvelables pour limiter la consommation de combustibles fossiles

Le second volet de « REPowerEU » est d’accélérer la réduction de la consommation de combustibles fossiles dans l’Union Européenne. « La guerre de Poutine démontre la nécessité d'accélérer la transition vers une énergie propre », pointe Frans Timmermans, le commissaire chargé du « Green deal ». La Commission appelle notamment à utiliser au plus vite les fonds du plan de relance européen, notamment pour construire des éoliennes et accélérer la rénovation énergétique des bâtiments.

Au total, la Commission estime que l’Union Européenne peut se passer dès 2023 des deux-tiers de ses importations de gaz russe : « Cela sera difficile, très difficile, mais c'est possible, avec du courage et de la ténacité », plaide Frans Timmermans.

Taxer les super-bénéfices liés à l’explosion des prix de l’énergie

La Commission Européenne va également très prochainement adopter le texte législatif autorisant les États membres à taxer plus fortement les sur-bénéfices des entreprises du secteur de l’énergie, générés par l’explosion des prix ces derniers mois, afin de les redistribuer sous forme d’aide aux plus touchés par la crise énergétique ou de soutien aux renouvelables.

Concession à l’ordolibéralisme dont Bruxelles ne peut se départir totalement : cette mesure ne sera acceptable que si elle ne génère pas « de distorsion inutile du marché ».

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