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Le GNL, seule porte de sortie de l’Europe en cas de sanctions avec la Russie

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La crise en Ukraine, et les sanctions promises par les Etats-Unis et l’OTAN en cas d’invasion russe, agitent le spectre d’une suspension, par la Russie, de sa fourniture de gaz fossile à l’Europe. Pour garantir son approvisionnement énergétique, l’Union Européenne doit se tourner vers le GNL ; la diplomatie américaine travaille avec ses alliés pour trouver des alternatives viables. Le Qatar, l’Australie et le Japon ont déjà accordé leur soutien à cette politique.

Malgré une médiation du président français Emmanuel Macron, à Moscou et à Kiev, auprès de ses homologues russes et ukrainiens, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, ces 7 et 8 février 2022, ayant obtenu la garantie du président russe qu’il ne serait pas à l’origine d’une escalade, la situation reste extrêmement tendue sur le front ukrainien.

En cas d’invasion de l’Ukraine, l’OTAN et les Etats-Unis frapperaient la Russie de sanctions de très grande ampleur

L’armée russe continue en effet de se déployer, tant en Russie qu’en Biélorussie, à proximité de la frontière ukrainienne. Les services secrets américains estiment que, d’ici une quinzaine de jours, les troupes russes pourraient être suffisamment nombreuses pour prendre Kiev en 48 heures.

Les Etats-Unis et l’OTAN, qui excluent par principe toute intervention militaire directe, ont promis à la Russie des sanctions d’une ampleur inédites en cas d’invasion de l’Ukraine. Le chancelier allemand Olaf Scholz a d’ailleurs confirmé ce 7 février que le nouveau gazoduc Nord Stream 2 n'entrerait pas en service en cas d'invasion russe de l'Ukraine.

Que faire si la Russie coupe le gaz fossile pour l’Europe ?

Pour autant, en cas de sanctions, la Russie pourrait bien, en réaction, couper l’approvisionnement européen en gaz naturel. Les livraisons russes ont d'ailleurs déjà diminuées. Mais elles représentent en temps normal 40 % de la fourniture européenne en gaz fossile (49 % en Allemagne).

Or, la situation sur le marché du gaz est déjà extrêmement tendue, avec des prix historiquement hauts, et des réserves européennes historiquement basses. Qui plus est, les gazoducs en provenance d’Algérie, de Norvège et d’Azerbaïdjan sont déjà utilisés au maximum de leurs possibilités, et les trois pays ne pouvent plus augmenter leur production.

Le GNL, seule voie d’approvisionnement en gaz disponible pour l'Europe

Comme les autres gazoducs alimentant l’Europe sont russes, la seule option, pour compenser la possible suspension de fourniture de gaz par la Russie, est le GNL. L’Europe dispose d’une capacité de regazéification de 19 milliards de mètres cubes (mmc) par mois, dont seulement 8 milliards sont utilisés.

Le potentiel est donc là, permettant de couvrir plus de la moitié des livraisons russes. Mais à un prix très élevé, et seulement sous réserve de disponibilité, même si cette hausse des prix en Europe peut ouvrir des débouchés : « Ces nouveaux besoins en GNL ont fait monter le prix de marché, qui est maintenant supérieur en Europe à celui de l’Asie. Au point qu’il est de plus en plus fréquent que des méthaniers changent de route au milieu de l’océan, pour se diriger là où les prix sont les plus hauts », relève Armelle Lecarpentier, cheffe économiste à l’association Cedigaz.

La diplomatie américaine travaille à garantir un approvisionnement en gaz à ses alliés européens

La diplomatie américaine sait ce dossier très sensible, et elle travaille à trouver des solutions pour ses partenaires européens. « Pour faire adhérer les pays de l’Union européenne (UE) à un nouveau paquet de sanctions contre la Russie, les Américains cherchent d’abord à diversifier les sources d’approvisionnement en gaz de l’UE », affirme ainis Carole Mathieu, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Les Etats-Unis eux-mêmes ont augmenté leurs livraisons de GNL vers l’Europe, à la fois pour des raisons stratégiques et pour des raisons économiques – le pays est devenu, en décembre 2021, le premier exportateur mondial de GNL, devant l’Australie et le Qatar.

L’Oncle Sam devrait ainsi représenter 40 % des importations européennes de GNL cet hiver, malgré certaines oppositions domestiques – la gauche du Parti Démocrate veut réduire la production de gaz de schiste pour des raisons environnementales, les grands consommateurs industriels veulent limiter les exportations pour éviter une hausse des prix.

Le Qatar et l’Australie promettent de fournir l’Europe en cas d’invasion de l’Ukraine

La diplomatie américaine a également obtenu des gestes de soutien de ses certains de ses alliés. L’émir du Qatar s’est accordé avec Joe Biden sur le principe de fournir davantage de GNL vers le marché européen en cas de sanctions russes, le 31 janvier 2021.

Le même jour, l’Australie a également apporté son soutien à cette politique. Le ministre australien des ressources, Keith Pitt, a déclaré, dans un communiqué, que l’Australie était “un exportateur mondial de premier plan et fiable de GNL” et se tenait prête “à répondre à toute demande d’approvisionnement supplémentaire”.

“Cela montre à quel point les ressources australiennes sont importantes pour l’approvisionnement énergétique du monde entier”, a précisé le ministre, conscient du poids-clé du gaz dans la diplomatie mondiale actuelle.

Le Japon fournira à l’Europe ses excédents d’importation

Plus récemment, ce 9 février 2022, c’est le ministre japonais de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (Meti), Koichi Hagiuda, qui a annoncé que le Japon allait livrer à l’Europe ses importations excédentaires de GNL, détournant des méthaniers vers le Vieux Continent.

Koichi Hagiuda a reconnu que la situation énergétique du Japon était actuellement « difficile », et que le pays peinait à s’approvisionner en quantités suffisantes de GNL. Mais il a ajouté que Tokyo souhaitait répondre à des appels des ambassadeurs des États-Unis et de l'Union européenne pour aider l'Europe à s'approvisionner en GNL.

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