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Le Maroc sécurise son approvisionnement en gaz naturel auprès d'une société britannique

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Le 30 novembre 2021, la société britannique Sound Energy a annoncé la signature d'un contrat avec l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) du Maroc, pour la fourniture de GNL sur dix ans, allant jusqu'à 350 millions de mètres cubes par an. Ce contrat permet au Maroc de compenser en partie la fin de l'approvisionnement en gaz naturel algérien via le gazoduc Maghreb Europe.

Conformément à ce qu'elle avait annoncé, l'Algérie n'a pas prolongé le contrat du gazoduc Maghreb Europe (GME), arrivé à échéance le 31 octobre 2021. Ce contrat, en vigueur depuis 1996, permettait le transport de 10 milliards de m3 de gaz naturel par an d'Algérie vers l'Espagne, en traversant le territoire marocain.

L'Algérie met fin au contrat du gazoduc Maghreb-Europe (GME), privant le Maroc de son gaz naturel

En contrepartie, l'Algérie livrait au Maroc tous les ans près d'un milliard de m3 de gaz naturel, représentant 97% de sa consommation annuelle, essentiellement pour le secteur de l'électricité. Mais les tensions diplomatiques entre Algérie et Maroc ont connu une nouvelle poussée, en cette année 2021.

L'une des principales pommes de discorde concerne le statut du Sahara Occidental, une ancienne colonie espagnole. Depuis le départ des Espagnols, en 1976, l'ancienne colonie est revendiqué à la fois par le Maroc, qui le considère comme partie intégrante de son territoire, et par le Front Polisario, qui a proclamé l'indépendance du Sahara Occidental sous forme de république.

Un contentieux portant essentiellement sur le Sahara Occidental

Le Maroc motive ses revendications sur les accords signés avec l'Espagne et sur l'antériorité, les tribus sahraouies ayant, historiquement, un lien d'allégeance avec la dynastie régnante au Maroc. Le Front Polisario s'appuie de son coté sur le désir d'indépendance d'une écrasante majorité de la population vivant sur le territoire. Or, depuis 1976, l'Algérie soutient la ligne politique et les revendications du Front Polisario, provoquant de vives tensions avec le Maroc.

Après 15 ans de conflit armé et de guerre d'embuscade, un cessez-le-feu a fixé, en 1991, une frontière de fait sur le territoire, le Maroc en contrôlant 80%, le Front Polisario 20%. Durant le début du conflit, les troupes algériennes ont affrontés l'armée marocaine sur le sol du Sahara Occidental.

L'Algérie soutient le Sahara Occidental au nom du droit des peuples à l'autodétermination, et demande la mise en place des résolutions de l'ONU proposant l'organisation d'un référendum auprès du peuple sahraoui. Le Maroc, de son coté, prétend que la position algérienne marque une volonté de suprématie régionale, et est un moyen de dominer diplomatiquement le Royaume.

Une escalade de tension, conduisant à une rupture des relations diplomatiques et commerciales entre le Maroc et l'Algérie

Les tensions géopolitiques entre les deux voisins ont connu une nouvelle escalade durant l'année 2021, avec, en point d'orgue, la rupture de leurs relations diplomatiques et commerciales, le 24 août 2021. La fin de l'accord sur le gazoduc Maghreb-Europe est une conséquence directe de ces tensions : l'Algérie disposant d'un second gazoduc relié à l'Espagne, et ne passant pas par le Maroc, elle peut continuer à livrer son gaz naturel à Madrid, en privant le Maroc de sa manne gazière.

Privé de la source de 9 à 12% de son électricité, le Maroc devait réagir. Certes, le pays dispose d'importantes réserves de charbon, et peut toujours augmenter la production de ses centrales au charbon pour compenser la perte de ses centrales au gaz. Mais ce choix n'est tenable que sur du court terme, et fragilise considérablement l'approvisionnement électrique du pays, à la merci du moindre incident.

Sound Energy, l'exploitant de la future concession marocaine de Tendrara, signe un accord de fourniture de gaz naturel avec l'ONEE

Pour cette raison, les responsables marocains ont cherché de nouveaux partenaires et de nouveaux fournisseurs de gaz. Elles n'ont pas eu besoin de chercher très loin, puisqu'elle ont fini par signer un contrat, ce 30 novembre 2021, avec la société britannique exploitant une future exploitation de GNL située... au Maroc.

Via un communiqué, la société britannique Sound Energy a ainsi annoncé avoir conclu un "accord contraignant de vente et d'achat de gaz" avec l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) du Maroc pour la vente du gaz naturel de la concession de Tendrara, dans l'Est du Maroc, sur une durée de dix ans.

Le gaz naturel de Sound Energy transitera par le GME

La concession de Tendrara, entrée dans la phase finale de ses travaux, est située non loin du gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui traverse tout le Maroc : ce dernier servira à acheminer le gaz naturel dans l'ensemble du pays. L'accord prévoit un volume contractuel annuel allant jusqu'à 350 millions de m3, soit un peu plus d'un tiers du gaz fourni précédemment par l'Algérie.

Cet accord demeure conditionné à l'obtention de toutes les autorisations administratives pour l'achèvement des travaux à Tendara, et à l'approbation des ministères marocains dédiés à l'énergie et aux finances. Le deal est également conditionné à la conclusion d’un accord d’interconnexion entre Sound Energy et la société en charge de l’exploitation du GME, et à la bonne fin des des travaux de raccordement entre le gisement de Tendrara et le GME.

Cet accord n'est pas une surprise, Sound Energy avait prévu, dès l'octroi de la concession, de fournir l'essentiel du gaz naturel produit au Maroc. Mais son officialisation, et la situation énergétique actuelle du Maroc, devraient inciter la société britannique à considérablement accélérer ses travaux.

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