Transport à l'hydrogène : Haffner Energy produit de l'hydrogène grâce à la biomasse

La société française Haffner Energy est en passe d'être primée pour son innovation baptisée Hynoca. De l'hydrogène sera produit à partir de la biomasse et non plus via les énergies fossiles. Une innovation d'avenir.

Le défi consistant à trouver une solution économiquement et écologiquement viable à la production d'hydrogène est en passe d'être relevé par la société française Haffner Energy. Le principe de la technologie est de transformer la biomasse en hydrogène. Sur le papier rien de bien révolutionnaire mais à y regarder de plus près, l'unité de production d'hydrogène développée par l'entreprise française - baptisée Hynoca - l'est bel et bien.

Pourquoi? Car à l'heure actuelle, deux procédés de production d'hydrogène existent. L'un fait appel à la transformation d'énergie fossile - principalement du charbon, et l'autre à un électrolyseur qui utilise le surplus d'électricité renouvelable ou de l'électricité en provenance du réseau. Mais dans un cas comme dans l'autre, le bilan carbone n'est pas à la hauteur du défi climatique, loin de là même. D'autant que la technique se basant sur l'électrolyse de l'eau n'est pour l'heure pas économiquement viable.

L'innovation de Haffner Energy a tapé dans l'œil du jury des Assises européennes de la transition énergétique de Dunkerque, placées sous l'égide de l'Ademe. L'entreprise va donc recevoir le "Prix hydrogènies". Un prix qui porte bien son nom tant l'invention de l'entreprise française laisse entrevoir un avenir radieux pour le transport à l'hydrogène en France.

Produire de l'hydrogène grâce à la biomasse

Philippe Haffner, le président de la société, ne cache pas sa joie de se voire primer: "On peut vraiment parler d'alignement de planètes, il y a deux ans, on n'avait pas du tout un contexte favorable comme aujourd'hui. On a à la fois la technologie pour utiliser de l'hydrogène, la volonté politique et la nécessité pour l'environnement. L'hydrogène est le seul vecteur énergétique qui constitue le chaînon manquant de la transition énergétique."

A l'instar de la production de biométhane, l'hydrogène sera donc produit à partir de biomasse "c'est à dire de la matière organique végétale ou animale. Quand on parle de biomasse, on pense tout de suite à bois. Mais ça englobe beaucoup de choses en réalité, le bois ne représente que 20% du total" explique Philippe Haffner. Résidus de déchets agricoles, forestiers, lisiers de porcs, fientes de volailles, pailles de céréales, ordures ménagères organiques... Hynoca puise dans toute la biomasse, au sens large du terme.

Hynoca se base sur une technologie qui n'est pas fondamentalement nouvelle. Mais ce qui tranche nettement est qu'elle à présent totalement maîtrisée et économiquement avantageuse : "On va pouvoir diviser par trois le coût de l'hydrogène grâce au faible coût de la biomasse. Au delà de 2025, nous avons un objectif de prix à la pompe de l'ordre de 3 euros du kilo, ce qui représente un coût équivalent au diesel détaxé." Cette baisse du coût de production rendra de facto son utilisation faisable au sein des stations de ravitaillement : "On rend possible l'amortissement financier des stations sans avoir besoin de recourir à la puissance publique et sans avoir besoin de l'usage de l'hydrogène déjà installé", détaille Philippe Haffner. La technique mise au point par Haffner Energy est promise à un avenir radieux.

La France serait bien inspirée de déployer Hynoca sur le territoire car ailleurs on est déjà prêt à accueillir Haffner Energy : "La Californie et certains pays scandinaves sont très intéressés. La France n’est pas forcément le pays où l’écosystème est le plus favorable. Il faut de la volonté politique. Je vais lancer un défi au gouvernement et à M. Macron : on peut imaginer, si une décision politique forte est prise et sans que cela ne coûte cher à l'Etat, mettre en place des dispositifs réglementaires et législatifs qui permettent de faire que la France soit décarbonée ou quasiment dès 2035, donc bien plus vite que ce qui avait été anticipé auparavant avec le plan de Nicolas Hulot."