Hydrogène : pourquoi la France doit accélérer la cadence

Porté par un plan annuel de 100 millions d'euros, l'hydrogène a une très belle carte à jouer dans le paysage énergétique français. Transport, industrie, décarbonisation de l'économie, optimisation des ENR...L'hydrogène mérite un développement plus soutenu.

La mobilité propre est certainement le débouché le plus connu de l'hydrogène. Il faut dire qu'avec 0% de rejet de CO2 dans l'atmosphère et 0% de particules fines, ce gaz pas comme les autres terrasse ses concurrents très polluants que sont le diesel et l'essence. Les motorisations hybrides embarquées au sein des véhicules pour particuliers comme des utilitaires représentent une solution idéale sur le papier pour endiguer les effets néfastes de l'activité de transport, responsable à elle seule de 30% des émissions totales de GES. Certaines grandes villes ont entamé une mutation du visage des transports publics en optant pour des bus à motorisation électrique alimentée par de l'hydrogène. Même son de cloche pour le transport ferroviaire: des trains à hydrogène remplaceront dans les années à venir les vieilles michelines fonctionnant encore au diesel, soit 50% du réseau ferré de France. 

Mais cantonner l'hydrogène à la seule activité de transport serait bien trop réducteur. L'énergie est en effet bien avantageuse sur d'autres aspects. L'hydrogène permettrait ainsi de réduire drastiquement notre consommation d'énergie fossile sur un spectre large d'activité: industrie, logements collectifs, réseau de chaleur urbain, bâtiments industriels... Reste que pour que la balance énergétique soit positive, un changement radical de cap doit être entrepris puisque pour l'heure 95% de l'hydrogène provient de la transformation d'énergie fossile. Les 5% restants proviennent notamment de la technique baptisée power-to-gas, un procédé permettant de créer de l'hydrogène par électrolyse de l'eau en utilisant le surplus d'énergie renouvelable telle que l'éolien ou le solaire. 

Cette complémentarité avec les ENR est d'ailleurs un autre atout indéniable, une autre carte à abattre pour l'hydrogène, un facteur de compétitivité énergétique. Le power-to-gas permet à la France d'optimiser le rendement parfois insuffisant et intrinsèquement intermittent de la production d'énergie renouvelable. En développant plus d’infrastructures de power-to-gas telles que celle installée à Fos-sur-Mer, le pays se doterait d'un atout énergétique durable, puissant et générateur de richesse. Car d'un point de vue économique également, l'hydrogène peut être vecteur de croissance. L'activité de nombre de PME, d'ETI et de grands groupes s'en trouverait stimulée, au niveau local comme national, avec à la clé la création de plusieurs dizaines de milliers d'emplois sur le court et moyen terme. 

Transport, industrie, économie, logement, ENR, environnement... l'hydrogène a de beaux jours devant lui si tant est que des investissements publics et privés d'envergure soient réalisés pour soutenir son développement.  Les 100 millions d’euros par an mis sur la table par les pouvoirs publics vont dans ce sens mais le filon aura rapidement besoin d’investissement encore plus audacieux