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Bientôt du gaz naturel exploité en Israël

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Le gouvernement lutte actuellement contre son opinion publique et contre son autorité de la concurrence afin d'accélérer l'exploitation du gaz naturel, confiée à deux sociétés dont une américaine, très défendue par son ambassadeur.

Le gouvernement israélien en formation de "cabinet restreint" autour du Premier Ministre Benjamin Netanyahu a pris la décision d'accélérer l'exploitation du gaz naturel du pays. Une décision exceptionnelle  qui devrait permettre de mettre fin à des mois d'incertitudes juridiques quant à l'exploitation de la manne gazière dont dispose le pays. Cette décision consiste à placer l'exploitation des ressources énergétiques comme une matière relevant de la sécurité nationale échappant ipso facto, aux lois contre les monopoles. Une décision qui doit tout de même être approuvée par le gouvernement au complet et soumise ensuite au Parlement où le gouvernement ne dispose que d'une très faible majorité.

Quand l'Autorité de la concurrence s'en mêle

Car c'est bien sur ce fondement juridique que l'Autorité de la Concurrence, dirigé alors par David Gilo, qui a "démissionné" depuis, avait semer le trouble en décembre 2014 en annonçant une enquête quant à la prééminence sur le marché du gaz des partenaires israélo-américain Delek Group et Noble Energy. Ces deux groupes exploitent notamment, depuis 2013, le gisement gazier de Tamar à 80 kilomètres au large d'Haïfa et sont associés pour développer le projet Léviathan, plus grand champ gazier de la mer Méditerranée à 130 kilomètres toujours au large d'Haïfa, dès que les réserve de Tamar commenceront à se tarir.

L'annonce de cette enquête a créé beaucoup de remous. D'abord chez les investisseurs actuels du projet qui ont déjà investis des sommes importants et qui bénéficient de fait, de toutes les connaissances liées à l'exploration du site. Il serait donc "couteux et très long de faire entrer à ce stade d'autres investisseurs sur le marché" d'après Perrine Toledano, consultante internationale dans le développement durable rattachée à l'Université de Columbia à New-York.

Elle a également décontenancé les investisseurs étrangers qui auraient pu être intéressé par le développement ultérieur de ce gisement offshore, l'un des plus importants découverts lors de ces dix dernières années avec 535 milliards de mètres cubes, alors que les incertitudes politiques, réglementaires et géopolitiques de la région ne sont déjà par des arguments favorables aux investissements étrangers.

Le gouvernement ne voit que les avantages d'une exploitation rapide

Il faut dire que cette exploitation devrait largement profiter à Israël. D'un point de vu de la fourniture d'énergie tout d'abord puisque le marché auquel est destinée la production est principalement le marché israélien. Très longtemps dépendant énergétiquement de l'Egypte tout particulièrement, ce gisement devrait accélérer l'indépendance énergétique du pays tout en étant positif sur le produit national brut. Pour prendre l'exemple du gisement de Tamar, il a rapporté 0,3% de PNB en 2014 et 0,8% en 2013 selon la Banque Israélienne.

Enfin, c'est le rôle même du pays dans la région qui est en jeu. Avec la production issue de ce site, il ne serait pas inenvisageable qu'Israël puisse vendre demain du gaz à l'Egypte, à la Jordanie et même à l'Autorité Palestinienne.

Alors que la production doit débuter en 2017, Noble Energy et Delek ont mené ces derniers mois campagne pour expliquer qu'une remise en cause des contrats passés risquait de provoquer de très sérieux retards, voire un gel des investissements nécessaires à la production et à la mise sur le marché du gaz extrait de Léviathan, ce qui ne manquerait pas d'affecter le paiement de royalties au Trésor israélien.

Parallèlement, sur un plan géostratégique, le ministre de l'Energie Youval Steinitz affirmait alors être favorable à la conclusion d'un arrangement final avec Noble Energy "pour éviter que l'Iran profite de la situation". Il faisait allusion à une éventuelle levée des sanctions internationales contre l'Iran ce qui lui permettrait un retour sur le marché mondial de l'énergie.

Le gouvernement reprend les choses en mains

Mis sous pression par l'ambassadeur américain sur place, Dan Shapiro, contre tout retard dans l'application d'accords conclus avec le groupe américain Noble Energy, le gouvernement a décidé de reprendre les choses en mains craignant les menaces à peine voilées du diplomate : "Israël a une occasion rare de développer ces champs gaziers, si cela ne survient pas maintenant, nous craignons que la fenêtre d'opportunités se ferme et ne s'ouvre peut-être plus dans un proche avenir".

Ainsi, un compromis a été conclu entre le gouvernement israélien et les investisseurs, dont les termes n'ont pas été rendus publics. Selon diverses sources "presse", les filiales de Delek Group auraient six ans pour céder leurs parts dans Tamar. Noble Energy, devrait, elle, réduire sa participation de 36% à 25%. Enfin, les deux partenaires devraient se désengager dans les 18 mois de deux champs plus petits, Tanin et Karish.

Pour le Premier Ministre, Benjamin Netanyahu, il s'agit d'une "solution réaliste qui conduira le gaz naturel sur le marché israélien et non pas une solution populiste dans laquelle le gaz resterait dans le sol. Le plan qui a été formulé brise le monopole. Dans les prochaines décennies, il injectera des centaines de milliards de shekels dans l’éducation, la culture, la santé et bien d’autres choses au bénéfice de tous les citoyens israéliens."

Mais dès samedi soir à Tel Aviv, des milliers de manifestants ont défilé contre cet accord. Ils ont bloqué les routes et scandé des slogans, déclenchant des affrontements avec la police. Les manifestants ont évoqué un « vol » des ressources naturelles israéliennes et ont appelé à une transparence du gouvernement sur l’accord, certains partis politiques déclarant d'ores et déjà qu'ils ne soutiendront pas "un plan qui ne contient pas de mécanisme de surveillance des prix du gaz".

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